Entre mythes et réalité, l’origine du langage est longtemps restée source de spéculations diverses. Du mythe biblique de la Tour de Babel, selon lequel la langue unique originelle aurait été divisée en une multitude de langues pour apporter la discorde entre les hommes aux recherches scientifiques actuelles (paléontologie, psychologie, biologie moléculaire, linguistique historique), l’origine du langage de l’homme continu de nous fasciner…
1866, la Société de linguistique de Paris refuse toute publication relative à l’origine du langage afin de stopper les spéculations ou théories considérées comme farfelues . Il aura fallu attendre un siècle pour que de nouveaux domaines d’études reprennent la question.
Les premières formes de langage ont donné lieu à de nombreuses théories qui laissent encore aujourd’hui planer le doute.
Selon le psychologue américain Merlin Donald, l’apparition du langage vient chez les australopithèques avec une langue mimétique permettant de désigner des êtres ou décrire une situation. Sauf qu’imitation (gestes et sons) ne signifie pas communication humaine !
Pour les Homo erectus, Michael C. Corballis (université d’Auckland, Nouvelle-Zélande), avance une autre théorie qui trouve aussi une origine gestuelle du langage, mais plus précise que la simple imitation ; une sorte d’ancêtre de la langue des signes.
Mais cette thèse n’explique pas comment les humains sont passés du geste à la voix ?
Le linguiste Derek Bickerton a lancé l’idée d’un “ protolangage” primitif fondé sur :
Ce langage permet ainsi d’exprimer des idées simples et des scènes concrètes ( » moi partir faire chasse » ou » manger boeuf « ). Il n’est pas capable en revanche de transmettre des idées abstraites ou des scénarios complexes. Par ses caractéristiques, ce protolangage primitif pourrait bien être une base pour l’évolution du langage humain !
Les sciences humaines ont longtemps considéré que le langage était une « invention » de l’homme, tout comme il créa grâce à aux aptitudes de son cerveau l’art, la technique ou encore l’écriture.
Le langage humain a une capacité et une vocation sociales et sa richesse lui permet de transmettre la pensée symbolique, bien au-delà du réel palpable.
A l’inverse, l’auteur Steven Pinker a récemment exprimé la thèse de l’instinct. Selon lui, l’émergence du langage serait « biologiquement programmé, au même titre que la marche sur deux jambes ».
Les travaux de recherche de Terrence Deacon l’ont amené à une autre thèse intermédiaire. En développant les prémices d’un langage symbolique, certains Homo erectus ont créé une sorte de nouveau « milieu culturel ». En accédant à cette expression et pensée symboliques, le cortex et les aires destinées à la faculté de langage (aires de Broca, de Wernicke, celles du territoire de Geschwind), se sont progressivement développés.
Aujourd’hui, pour les successeurs de Charles Darwin, le langage servirait à :
1989 : un os hyoïde (ou os lingual) est découvert sur un squelette de Neandertal. En permettant le mouvement du larynx, cet os tend à démontrer que le langage articulé est dès lors possible.
Par ailleurs, Homo erectus construit des huttes, domestique le feu. Et pour cela, il a besoin d’une organisation sociale qui sous-entend l’utilisation d’un langage.
Ainsi, l’origine du langage se trouverait dans deux phases clés :
Aux origines des langues le langage… vocabulaire, syntaxe, grammaire, conjugaison… comment le langage des premiers hommes s’est-il structuré sous forme de langue ? Et pourquoi une telle diversité ? Les sciences de l’homme et de la société nous permettent-elles de tirer des conclusions fiables ? Pour en savoir plus, Ranka Bijeljac et Roland Breton nous mènent à la découverte de l’éternelle humanité du langage dans leur livre : “Du langage aux langues”.
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